Des outils plutôt que des règles

Le nouveau référentiel général pour l’accessibilité (RGAA) vient de sortir. Comment cela se traduit ? Par un document de 141 pages dictant les bonnes pratiques en matière d’accessibilité. Vouloir rendre le web plus accessible est louable mais cette démarche est-elle optimale ? Car pour avoir plus d’impact, construire des outils est souvent plus efficace qu’édicter des règles.
Un exemple : Google a tout intérêt à ce que les pages web se chargent rapidement. Cela garde les internautes heureux, ils continuent donc d’utiliser Google, Google continue de monétiser leur attention à des publicitaires. Mais au lieu d’écrire des règles indiquant comment un site web devrait être conçu, Google a construit un outil (PageSpeed Insights) permettant aux développeurs de connaître le temps de chargement des pages de leurs sites. Cet outil fournit ensuite des conseils précis et concrets qui expliquent ce qu’il faudrait améliorer pour rendre les sites plus rapides.
À votre avis, les développeurs préfèrent-ils utiliser un outil qui les aide ou lire un PDF de plus de cent pages ? Créer des règles plutôt que des outils fait seulement grossir la taille des équipes. Parce qu’il va falloir embaucher quelqu’un pour savoir ce qu’il y a dans le référentiel. Parce qu’aucun développeur ne va jamais le lire. Alors qu’ils utiliseraient avec plaisir un outil adapté.
De plus quand le monde change (c’est-à-dire tout le temps), les outils peuvent évoluer au même rythme. Au moment de l’explosion des smartphones, Google voulait évidemment devenir le moteur de recherche par défaut de ces nouveaux appareils. De nouvelles fonctionnalités ont donc été ajoutés aux outils de test de vitesse afin de mesurer également le temps d’affichage des pages mobiles, qui présentent d’autres contraintes. Sans attendre la publication d’un nouveau décret !
De la même manière, un outil qui permettrait de mesurer l’accessibilité d’un site web pourrait démocratiser l’accessibilité. Dans l’idéal, cet outil serait mis à jour régulièrement en fonction des évolutions, et encore mieux, il pourrait être incorporé dans une chaîne d’intégration continu afin d’automatiser les tests d’accessibilité. Mais cela nécessiterait sans doute de mieux associer les utilisateurs finaux et de sortir du bâtiment pour essayer de comprendre de quoi ont vraiment besoin celles et ceux qui construisent de nouveaux services publics numériques.